Un
geste crucial pour le bien de l’unité...
14-10-2019 - Au cours des mois écoulés, nous avons assisté à plusieurs gestes
et déclarations positives du Pape François en direction de son
« frère » le Patriarche Œcuménique Bartholomée II.
Tant les actes du Saint-Père que les réactions du Patriarche ont
fait frémir nos espoirs de rapprochement et raviver nos initiatives
œcuméniques.
Evoquons ici, cependant, un acte que nous pensons être au-dessus des
autres actes puisque à l’occasion de la fête des Saints Pierre
et Paul, en juin dernier, le Saint-Père posait un geste qui ne
pouvait passer inaperçu. Il décidait ce pas éloquent en faveur de
l’unité chrétienne et en direction de son « frère »
le Patriarche Œcuménique de Constantinople, marquant ainsi
l’histoire. Dans une intention sûrement et mûrement réfléchie,
le Saint-Père décide d’offrir à son « frère » le
Patriarche Bartholomée, le reliquaire en bronze contenant neuf
fragments d’os de Saint-Pierre, l’apôtre sur lequel le Christ
s’est appuyé pour instaurer l’Eglise universelle et son siège à
Rome qui est en quelques sortes pour les catholiques la nouvelle
Jérusalem.
Ce geste est, en réalité, tout de même exceptionnel. « C’est pour nous un événement extraordinaire, inattendu et qu’on ne
pouvait pas espérer» déclarera un peu plus tard Monseigneur Job, le représentant du Patriarche Bartholomée envoyé à Rome pour être
présent aux cérémonies de la fête des saints apôtres. Ce présent est naturellement l’expression de l’amitié entre les deux
hommes, mais aussi une invitation à tout le peuple chrétien et à chacun d’entre-nous, en particulier, à répéter autant de fois
que nous pouvons, de tels gestes à l’intention d’un « frère » séparé.
C’est donc à l’issue de la cérémonie liturgique de la fête
des Saints apôtres Pierre et Paul que le pape emmène Monseigneur
Job à la chapelle du Palais apostolique pour lui offrir le
reliquaire que son prédécesseur Paul VI avait fait déposer dans la
petite chapelle du Palais.

La photo ci-contre nous montre le Pape François très ému prenant
dans ses mains le reliquaire avec les restes de son prédécesseur et
le remettant au représentant du Patriarche Bartholomée. De son
visage et de son geste, transpire l’esprit du Prophète Michée
lorsqu’il nous interpelle : « On t'a fait connaître, ô
homme, ce qui est bien; Et ce que l'Éternel demande de toi, C'est
que tu pratiques la justice, Que tu aimes la miséricorde, Et que tu
marches humblement avec ton Dieu ». Quelques mois plus tard, ce
geste qui a surpris le destinataire lui-même, ne nous laisse
toujours pas indifférents. Comment pourrait-il en être autrement ?
D’ailleurs, on ne peut s’empêcher de l’interpréter tant sa
portée est hautement symbolique. Peut-on encore se satisfaire d’une
séparation ecclésiale plus que millénaire ? A l’amitié
du Saint-Père, le Patriarche Bartholomée II a su répondre car il a
vu et perçu avec justesse l’intention droite du Pape. «Le don des
reliques de Pierre est un pas crucial vers l’unité», déclare-t-il
que nous devons tous garder à l’esprit. « Un pas crucial
vers l’unité ». Qui dit « crucial » dit presque
« vital ».
Nous avons assisté là à l’expression de vœux louables qu’ont
émis les chefs des deux Eglises séparées. Ces bonnes intentions ne
doivent pas nous voiler la face car Satan et son instrument le péché
« rôde toujours au milieu de nous comme un lion rugissant
cherchant qui dévorer ». Marcher vers l’unité, suppose la
conversion du cœur et comme pour toutes les conversions, elles ne se
font pas, disons-nous catholiques, sans la grâce divine. C’est la
grâce, que Dieu seul peut accorder et donner, qui nous aide à
renouveler notre fidélité et à nous engager avec toujours plus de
courage pour surmonter les difficultés qui surgissent au présent et
qui surgiront au futur. Gardons la force du courage car le Saint-Père
nous rappelle également que « Nul ne doit…être détourné
de son devoir et de sa responsabilité de chrétiens devant Dieu et
devant l’histoire ».
Jean-Pierre Fattal