Devant la communauté catholique de Grèce, l'appel à la confiance du Pape.
Dernier rendez-vous public du Pape François à Athènes, sa rencontre avec les évêques, prêtres, religieux et religieuses catholiques dans la cathédrale catholique Saint-Denys-l'Aréopagite. Le Saint-Père est revenu sur l'important témoignage que la petite communauté catholique offre en Grèce. «Etre une Église petite fait de nous un signe éloquent de l'Évangile», a t-il notamment souligné.
Sourcce : Olivier Bonnel-Cité du Vatican - Photographie : Le Pape François à la rencontre des religieux et religieuses catholiques en Grèce - Copyright © Dicasterium pro Communicatione
«Je suis heureux de vous rencontrer sur cette terre qui est un don, un patrimoine de l'humanité sur lequel reposent les fondations de l'Occident » a lancé le Saint-Père, revenant ensuite sur la foi de cette petite communauté catholique. «Au cœur de ce riche patrimoine, ici, au début du christianisme, un "laboratoire" de l'inculturation de la foi a été inauguré, dirigé par la sagesse de nombreux Pères de l’Eglise, dont la sainteté de vie et les écrits restent un phare lumineux pour les croyants de tous les temps».
Une foi profondément liée aux racines grecques , grâce à l’Apôtre Paul, «celui qui a inauguré la rencontre entre le christianisme des origines et la culture grecque» a souligné le Saint-Père. C’est lui, a-t-il précisé, «qui a ouvert ce "laboratoire de la foi", qui a fait la synthèse de ces deux mondes. Et il l'a fait ici même, comme le racontent les Actes des Apôtres». François est ainsi revenu sur la période où Paul arrive à Athènes pour en tirer des enseignements pour aujourd’hui. Deux attitudes de l'Apôtre qui sont «utiles à notre actuelle élaboration de la foi», a-t-il expliqué.
La première est d’abord une attitude de confiance : «Pendant que Paul prêchait, certains philosophes commencent à se demander ce que ce "charlatan" (v. 18) veut enseigner». Emmené à l'Aréopage, Paul est sommé d’expliquer son enseignement. «Ces circonstances de sa mission en Grèce sont importantes, également pour nous. L'Apôtre se retrouve dans une impasse» a rappelé le Saint-Père. «Dans notre parcours, nous ressentons peut-être nous aussi souvent la fatigue et parfois la frustration d'être une petite communauté, ou une Eglise avec peu de ressources, avançant dans un contexte qui n'est pas toujours favorable» a poursuivi le Pape.
Aller de l’avant avec confiance
Malgré cette adversité, Paul ne s'est pas laissé aller à la tentation de se plaindre. «Telle est l'attitude du véritable apôtre : aller de l'avant avec confiance, en préférant l’appréhension des situations inattendues à l'habitude et à la répétition». Le Pape a ainsi invité ses hôtes à avoir confiance, «car être une Église petite fait de nous un signe éloquent de l'Évangile». «À nous, en tant qu’Église, il n’est pas demandé d'avoir un esprit de conquête ou de victoire, la gloire des grands nombres ou la splendeur mondaine» a-t-il poursuivi, mais plutôt «d’être le levain qui fermente, caché patiemment et silencieusement dans la pâte du monde, grâce à l’œuvre incessante de l’Esprit».
«Bénissez la petitesse et accueillez-la, a encore dit le Souverain Pontife, elle vous dispose à faire confiance à Dieu et à Dieu seul. Être minoritaires - et dans le monde entier l'Église est minoritaire - ne veut pas dire être insignifiants, mais parcourir la voie ouverte par le Seigneur, qui est celle de la petitesse : de la kénose, de l'abaissement, de la condescendance».
La deuxième attitude Paul à l'Aréopage d'Athènes est celle de l'accueil. «C'est la disposition intérieure nécessaire à l'évangélisation : ne pas vouloir occuper l'espace et la vie de l'autre, mais semer la Bonne Nouvelle dans le terreau de son existence, en apprenant d'abord à accueillir et à reconnaître les semences que Dieu a déjà mises dans son cœur, avant notre arrivée» a précisé François. «Évangéliser, ce n'est pas remplir un vase vide, c'est avant tout mettre en lumière ce que Dieu a déjà commencé à accomplir» a-t-il poursuivi. Voilà «l’extraordinaire pédagogie dont l'Apôtre fait preuve devant les Athéniens. Il ne leur dit pas “vous vous trompez complètement” ni “maintenant je vais vous enseigner la vérité”, mais il commence par accueillir leur esprit religieux».
Un cœur animé par le désir de communion
Le Pape a rappelé que le style de l’Apôtre était de proposer et non d’imposer, il a su accueillir la sensibilité religieuse de ses interlocuteurs. L’attitude de Paul «commence donc par l'accueil de l'autre : n’oublions pas que "la grâce suppose la culture, et le don de Dieu s’incarne dans la culture de la personne qui la reçoit"» a-t-il souligné, citant son encylique Evangelii Gaudium. «Aujourd'hui, il nous est demandé, à nous aussi, d'adopter une attitude d'accueil, un style d'hospitalité, un cœur animé par le désir de créer une communion entre les différences humaines, culturelles et religieuses» a ainsi expliqué François.
En cette terre grecque, saint Paul a montré sa confiance sereine en Dieu, et c’est ce qui l'a rendu accueillant envers les aréopagites qui se méfiaient de lui. «Grâce à ces deux attitudes, il a annoncé ce Dieu qui était inconnu à ses interlocuteurs» a encore expliqué le Saint-Père. Parmi eux certains devinrent croyant comme Denys, à qui cette cathédrale catholique d’Athènes est dédiée.
«Je vous souhaite de tout cœur de poursuivre l’œuvre de cet historique laboratoire de la foi», a conclu le Pape «et de le faire avec ces deux ingrédients, la confiance et l’accueil, pour goûter l'Évangile comme une expérience de joie et de fraternité». Avant de prendre congé de ses hôtes, François a assuré à cette communauté catholique de Grèce qu’il la portait dans son cœur et sa prière.