Le Pape souligne les racines communes qui unissent catholiques et orthodoxes

La deuxième étape de la visite du Pape François en Grèce était dédiée à l’Église orthodoxe grecque. Accueilli par l’archevêque orthodoxe d’Athènes, Hieronymos II, l’évêque de Rome a développé une réflexion tournée vers le pardon et la réconciliation.

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Source : Vatican News - Le Pape a tout d’abord expliqué comment lui était venu ce projet de pèlerinage en Grèce. «En priant devant les trophées de l'Église de Rome, que sont les tombeaux des Apôtres et des martyrs, je me suis senti poussé à venir ici en pèlerin, avec beaucoup de respect et d'humilité, pour renouveler cette communion apostolique et nourrir la charité fraternelle», a expliqué l’évêque de Rome, saluant, à travers l’archevêque Hieronymos II, «le clergé, les communautés monastiques et tous les fidèles orthodoxes de Grèce».


«Nous nous sommes rencontrés, il y a cinq ans, à Lesbos, dans l'urgence de l'un des plus grands drames de notre temps, celui de tant de frères et de sœurs migrants, qui ne peuvent être abandonnés dans l'indifférence et considérés uniquement comme un fardeau à gérer ou, pire encore, à déléguer à d'autres, a rappelé le Pape, évoquant sa visite du 16 avril 2016 sur l’île grecque. Nous nous retrouvons aujourd'hui pour partager la joie de la fraternité et pour regarder la Méditerranée qui nous entoure, non seulement comme un lieu qui inquiète et divise, mais aussi comme une mer qui unit.»


Reprenant, comme dans son discours au Palais présidentiel, l’image des «oliviers centenaires qui relient toutes ces terres», François a évoqué «les racines que nous partageons. Elles sont souterraines, cachées, souvent négligées, mais elles sont bien là et c’est sur elles que tout repose. Quelles sont nos racines communes qui ont traversé les siècles ? Ce sont les racines apostoliques», a expliqué le Pape, qui a tenu à honorer la place particulière de la Grèce dans la structuration du christianisme antique. «Ces racines, qui ont poussé à partir de la semence de l’Évangile, ont commencé à porter de grands fruits précisément dans la culture hellénique : je pense aux si nombreux Pères et aux premiers grands Conciles œcuméniques», a-t-il souligné.

La guérison après les divisions

Mais le Pape François n’a pas éludé les blessures de l’histoire. «Plus tard, malheureusement, nous avons grandi loin les uns des autres. Les poisons du monde nous ont contaminés, et l’ivraie de la suspicion a accru notre distance, et nous avons cessé de cultiver la communion», a regretté le Pape.


«À notre honte - je le reconnais au nom de l’Église catholique - des actions et des choix qui ont peu ou pas de rapport avec Jésus et l'Évangile, mais plutôt avec une soif de profit et de pouvoir, ont flétri la communion. Nous avons ainsi laissé les divisions compromettre la fécondité. L'histoire a du poids, et je ressens aujourd'hui le besoin de renouveler ma demande de pardon à Dieu et à mes frères pour les erreurs commises par beaucoup de catholiques», a redit François, dans la continuité des mots employés par Jean-Paul II lors de sa visite à Athènes en 2001.


«C'est cependant un grand réconfort d’être certains de savoir que nos racines sont apostoliques et que, malgré les déformations du temps, la plante de Dieu pousse et porte du fruit dans le même Esprit. Et c'est une grâce que les uns reconnaissent les fruits des autres et d'en remercier ensemble le Seigneur», a assuré François.


«L'Esprit qui se répand dans nos esprits nous pousse à une fraternité plus intense, à nous structurer dans la communion. N'ayons donc pas peur les uns des autres, mais aidons-nous à adorer Dieu et à servir le prochain, sans faire de prosélytisme et en respectant pleinement la liberté de l’autre», a espéré le Pape.


«Comment pouvons-nous témoigner au monde de la concorde évangélique si nous, chrétiens, sommes encore séparés? Comment pouvons-nous proclamer l'amour du Christ, qui rassemble les gens, si nous ne sommes pas unis entre nous?», a demandé le Pape, qui a salué les initiatives académiques ayant permis d’établir des relations fructueuses entre universitaires catholiques et orthodoxes.

L’engagement commun dans la charité

L’Esprit Saint est aussi une «huile de consolation», qui «nous exhorte encore à prendre soin des plus faibles et des plus pauvres, et à porter leur cause, primordiale aux yeux de Dieu, à l'attention du monde. Ici, comme ailleurs, le soutien offert aux plus démunis a été indispensable pendant les périodes les plus difficiles de la crise économique. Développons ensemble des formes de coopération dans la charité, ouvrons-nous et collaborons sur les questions éthiques et sociales pour servir les hommes de notre temps, et leur apporter la consolation de l'Évangile. En effet, l'Esprit nous appelle, aujourd'hui plus encore qu'hier, à panser les plaies de l'humanité avec l'huile de la charité», a rappelé le Pape dans ce pays très éprouvé par la crise économique de 2008, qui a fait plonger une grande partie de la population dans la pauvreté.


François a espéré que catholiques et orthodoxes grecs pourront se tourner ensemble vers Jésus. «Les Apôtres, craintifs et hésitants, se réconcilièrent avec la déchirante désillusion de la Passion lorsqu'ils virent le Seigneur ressuscité devant eux. C'est dans ses blessures, qui semblaient impossibles à guérir, qu'ils ont puisé une nouvelle espérance, une miséricorde sans précédent ; un amour plus grand que leurs erreurs et leurs misères, qui les transformerait en un seul Corps, uni par l'Esprit dans la multiplicité de nombreux membres différents.»


Le Pape François a demandé à l’Esprit Saint d’aider catholiques et orthodoxes grecs «à ne pas être paralysés par la négativité et les préjugés du passé, mais à regarder la réalité avec un regard neuf. Alors, les tribulations du passé feront place aux consolations du présent, et nous serons confortés par les trésors de grâce que nous redécouvrirons chez nos frères», a-t-il espéré.

Apprendre du modèle orthodoxe de la synodalité

«Nous, catholiques, nous venons de nous engager dans un chemin visant à approfondir la synodalité et nous avons le sentiment d'avoir beaucoup à apprendre de vous, a également rappelé le Pape François. Nous le souhaitons sincèrement, certains que lorsque des frères dans la foi se rapprochent, la consolation de l'Esprit descend dans les cœurs.»


«Béatitude, cher Frère, que les nombreux et illustres saints de ces terres nous accompagnent sur ce chemin, ainsi que les martyrs, malheureusement plus nombreux aujourd'hui que par le passé. De confessions différentes sur cette terre, ils habitent ensemble dans le même Ciel. Qu'ils intercèdent pour que l'Esprit, l'huile sainte de Dieu, dans une Pentecôte renouvelée, soit répandu sur nous comme sur les Apôtres dont nous descendons: qu'il allume dans nos cœurs le désir de la communion, qu'il nous éclaire de sa sagesse et nous donne l’onction de sa consolation», a conclu l’évêque de Rome.