Compte-rendu de la conférence sur la spiritualité Orientale et l'Occident.

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Conférence-formation sur « la spiritualité orientale et l'Occident » : De la dérive au rapprochement, de l'ignorance à la connaissance, de la distance à la communion.

La conférence-formation du père Patrice MAHIEU o.s.b. de l’Abbaye de Solesmes qui clôturait pour l’association « Amitiés Catholiques-Orthodoxes de Solesmes », la semaine de prières pour l’unité des chrétiens avait attiré près d’une cinquantaine de personnes. Elles étaient venues d’horizons variés, de la Sarthe et d’au-delà en Pays-de-Loire. C’est dire que cette conférence était attendue. A la suite du Père MAHIEU, M. Gérard CHENAIS, délégué diocésain à l’œcuménisme devait prendre la parole pour présenter la mission qui est la sienne et les manifestations qui l’ont marquée depuis sa prise en charge.

Dans la forme, la conférence du moine bénédictin présentait deux facettes puisqu’à l’enseignement du Père MAHIEU était associé un diaporama qui situait les personnages mentionnés dans la communication au sein de leur époque avec parfois des citations marquantes qui leur sont attribuées.

L’objectif du père MAHIEU était de faire prendre conscience à l’auditoire que chaque catholique et orthodoxe dispose de deux poumons, un poumon oriental et un autre occidental. Il mettait cependant les auditeurs en garde de toujours bien vérifier la qualité de cette respiration. Selon l’orateur, ce qui sépare catholiques et orthodoxes ne tient pas à la foi ; « nous avons une même foi » dit-il. « C’est une façon d’aborder la foi, de la vivre, de se situer par rapport à Dieu, de vivre dans l’Eglise » qui ferait notre différence. Catholiques et orthodoxes peuvent désormais être rassurés. « Le patrimoine spirituel de l’Orient orthodoxe appartient à la richesse inépuisable du Christ vécue dans l’Eglise une et sainte ». Le Père MAHIEU emprunte au Père Yves CONGAR o.p. une expression nouvelle, un néologisme dit-on, « l’Estrangement ». Ce terme exprime la dérive des relations entre catholiques et orthodoxes depuis le grand schisme.

Occident chrétien et Orient orthodoxe ont chacun le droit d’être fiers de leur patrimoine spirituel. « L’important est de le vivre en communion, en dialogue, en échange de don, voire en oblation et dépossession ».

C’est également à travers la manière de vivre le mystère de la Sainte-Trinité, Dieu, Christ et Saint-Esprit que le Père MAHIEU tente de montrer la différence entre ces deux composantes du christianisme que sont les orthodoxes et les catholiques. Ainsi constate-t-on que la pneumologie orientale donne plus de place à « l’Eprit lumière » alors que la pneumologie occidentale donne le primat à « l’Esprit d’amour ».

Dans une deuxième partie, le Père MAHIEU établit une nouvelle distinction dans la manière de percevoir Dieu. Il sépare le connu de Dieu de ce qui en est inconnu. Jean-Paul II nous rappelait qu’il n’était pas possible de saisir Dieu, bien qu’il nous soit possible de percevoir quelque chose de lui. Toutefois, il faudrait aussitôt nier ce « quelque chose » pour aller au-delà. « On connaît plus Dieu en niant ce que l’on peut dire à son sujet qu’en l’affirmant ». De même dans la mystique, « on nie ce que l’on vient d’affirmer, pour entrer dans une « mystique de la ténèbre » ou obscurité de la foi qui prolonge l’expérience de Dieu ». L’inconnaissance devient le mode de connaissance. En conséquence, « La connaissance de Dieu est moins l’intelligence qui saisit Dieu comme objet, que Dieu qui se saisit de l’intelligence et la rend déiforme ».

Dans une troisième et dernière partie sur la théologie et la mystique, le Père MAHIEU nous enseigne que la théologie, discours rationnel sur Dieu, est plus de nature occidentale que la spiritualité, vie avec Dieu menant à la divinisation qui est plus propre aux orthodoxes. Chez les latins, la divinisation est remplacée par le sanctification. Quant à la mystique, expérience intérieure de Dieu, elle se retrouve dans la prière perpétuelle et intérieure ; celle-ci est plus familière des orthodoxes mais toutes trois, théologie, spiritualité et mystique sont unies conduisant, ensemble, à un état de paix dit hésychia.

Nous voici parvenus à la conclusion du Père MAHIEU qui pour cela reprend l’affirmation du Père CONGAR o.p. à l’estrangement et à la dérive se substitue le rapprochement, à l’ignorance succède la connaissance et à la distance la communion de vie.